Imaginez : vous recevez un courrier. Pas une facture. Pas une publicité. Mais une enveloppe décorée, peinte, collée, griffonnée, qui a voyagé à travers le monde pour atterrir dans votre boîte aux lettres. Pas une carte postale standard achetée au kiosque : une œuvre unique, créée spécialement pour vous. C’est ça, le mail art.
Le mail art, ou art postal, est un mouvement artistique issu de l’art contemporain qui a décidé de quitter les galeries pour passer par la boîte aux lettres. Il prend la forme d’une correspondance artistique où l’envoi postal devient partie intégrante de l’œuvre. L’adresse, le timbre, les cachets de la poste et même les marques d’usure du voyage font partie du processus créatif.
Mail art, H. R. Fricker, 1990.Ce mode d'expression repose sur une idée simple : l’art doit être accessible à tous, et pas seulement dans les musées. Chaque pièce est unique, créée pour une personne précise, et pourtant reliée à un réseau mondial.
Table des matières
- Les concours : la meilleure porte d’entrée dans le mail art
- Quelle est l'histoire du mail art ?
- Avant la « naissance » : ancêtres, gestes et intuitions
- Ray Johnson, la Correspondence School et le moment fondateur (années 1950–1960)
- Les années 1970–1980 : de la pratique souterraine au phénomène mondial
- Les visages du réseau : des pionniers et des passeurs
- Aujourd'hui : le réseau s’assume, la carte s’agrandit
- Comment créer un mail art ?
- Vous possédez une collection de timbres que vous souhaitez faire estimer ? Parlons-en !
Les concours : la meilleure porte d’entrée dans le mail art
Oubliez les tutoriels interminables. Oubliez l’attente d’inspiration. Il n’y a pas de meilleure manière de plonger dans le monde du mail art que de participer à un concours ou à un appel à art postal Pourquoi ? Parce qu’un appel à mail art, ce n’est pas seulement un prix à gagner. C’est souvent l’occasion d’être exposé, dans une galerie, un musée, une médiathèque… ou mis en ligne, vu par des centaines, parfois des milliers de passionnés.
Et plus vous participez, plus votre nom circule. Dans ce mouvement, la réputation ne se construit pas en parlant, mais en envoyant. C’est pour cela que nous avons créé ce que nous aurions aimé trouver en tant que participants : le recensement complet de tous les concours et appels à art postal français. Vous le trouverez ci-dessous. Il n’attend que vos créations.
Concours et appels à mail art français – 2025 et 2026
Tous les concours, regroupés dans un seul tableau
| Organisateur | Thématique | Date de fin |
|---|---|---|
| Café associatif Le Grenier | Patrimoine architectural ou naturel de Castanet Tolosan ou alentours | 19 septembre 2025 |
| Municipalité de Saint-Uze | Mots liés à l'automne : feuille, couleur d'automne, champignon, châtaigne, potiron, soupe. | 30 septembre 2025 |
| Servas | Les valeurs de Servas, le partage, la tolérance, la paix… à travers le voyage et la rencontre. | 1er octobre 2025 |
| PJC Lambesc | Les arts de la rue. | 1er octobre 2025 |
| Médiathèque Jacques Ellul de Pessac | Petits mots, grands effets. | 3 octobre 2025 |
| Association Accueils Réfugiés Vals du Dauphiné | La frontière est une invitation à goûter les différences. | 3 octobre 2025 |
| Association Les RéCréations d’Haida et cie | Hommage à Noémie Delobelle Suchet et à toutes les femmes résistantes. | 15 octobre 2025 |
| Club philatélique d'Armor | Le cirque. | 25 février 2026 |
Vous organisez un concours ? Ou vous en connaissez un qui n’apparaît pas ici ? Dites-le-nous, en nous écrivant à cette adresse : contact@timbres-experts.com. Nous l’ajouterons avec plaisir. Précision : nous recensons uniquement les concours et appels lancés par des associations, des entreprises ou des organisations publiques qui s'achèvent à une date précise.
Pourquoi la Maison Calves soutient-elle le mail art ?
Nous sommes la référence française pour l'expertise et l'estimation de timbres de collection. Mais notre mission ne s’arrête pas là. Nous croyons que la philatélie ne doit pas rester figée dans des albums. Elle peut vivre, voyager, inspirer. Le mail art est pour nous l’une des plus belles manières de lui donner mouvement et souffle : en hissant le timbre au rang d’œuvre d’art, en le faisant circuler et sortir du monde des salles des ventes.
Et en France, nous avons un avantage : des timbres magnifiques. Ce n’est pas un hasard : nous sommes l’un des rares pays à avoir conservé, au plus haut niveau, la tradition de la gravure. Chaque trait gravé, chaque ombre délicatement creusée dans l’acier, chaque nuance imprimée raconte un savoir-faire. Certains timbres français ne sont pas de simples moyens d’affranchir : ce sont des micro-sculptures sur papier.
Une sélection de timbres de France des années 1980 représentant des tableaux célèbres. La plupart d'entre eux sont gravés en taille-douce.Mieux encore : contrairement à la plupart des pays européens, nous n’avons jamais retiré nos anciens timbres de la circulation. À quelques exceptions près, même ceux en francs peuvent encore voyager sur vos lettres. C’est un privilège rare : des décennies de création philatélique restent utilisables aujourd’hui.
Quelle est l'histoire du mail art ?
Le mail art ou "art posté" est sorti d’une boîte aux lettres. Et depuis, il n’a jamais cessé de voyager. Voici son histoire complète. Vous y découvrirez un mouvement artistique à la fois intime et mondial, subversif et accueillant, bricoleur et visionnaire.
Avant la « naissance » : ancêtres, gestes et intuitions
Bien avant qu’on prononce les mots mail art ou art postal, certains artistes injectent déjà de l’art dans le courrier. Chez les Dadaïstes, Marcel Duchamp envoie depuis New York des cartes postales sur lesquelles il colle un thermomètre ou détourne l’image par un trait de crayon.
Les Surréalistes transforment lettres et enveloppes en terrains d’écriture et de dessin automatique. Salvador Dalí envoie des cartes postales illustrées de dessins improvisés pendant ses voyages. Les lettres deviennent des terrains d’automatisme graphique et poétique, où la calligraphie, les cachets, et même l’ordre des mots participent de l’œuvre.
Un exemple précurseur de mail art : lettre illustrée envoyée par le poète surréaliste Jacques Prévert.Les Futuristes italiens, eux, vont plus loin dans l’agression visuelle : Filippo Tommaso Marinetti et Fortunato Depero conçoivent des « cartes bruitistes » saturées de typographie angulaire, d’onomatopées et de tampons industriels, envoyées comme des déflagrations visuelles.Ces préhistoires ressemblent surtout à des gestes isolés, des éclats. La structure qui va tout relier – le réseau – manque encore. Ce qui change la donne au milieu du XXᵉ siècle, c’est l’idée qu’envoyer fait œuvre, et que l’adresse, le trajet, les cachets postaux, les éraflures du voyage ne sont plus des accidents : ils deviennent le médium.
Ray Johnson, la Correspondence School et le moment fondateur (années 1950–1960)
Visualisez la scène : New York, années 1950. Un artiste timide, dandy discret, commence à poster à ses ami·e·s des cartes, des collages, des instructions absurdes : Ray Johnson. Il n’ouvre pas une école ; il baptise une anti-école : la New York Correspondance School. Son programme tient en une phrase : « Add to and return to… ». On reçoit, on ajoute, on renvoie. La poste devient atelier, scène et archive. Beaucoup l’appelleront plus tard le « grand-père du mail art ».
Un exemple de mail art par Ray Johnson © Ray Johnson EstateJohnson invente un réseau avant l’heure. À force d’envois, de réponses, de reprises, il transforme la correspondance artistique en mouvement. En 1962, l’appellation New York Correspondence School circule ; l’idée s’enflamme : on n’attend plus l’invitation d’un musée, on s’adresse à quelqu’un, quelque part, par la poste. Les années 1970–1980 : de la pratique souterraine au phénomène mondial
Dans les années 1970, le mouvement prend de l'ampleur. Des artistes, poètes visuels, performeurs, graphistes, collectionneurs lancent des appels, des « calls », des échanges. Fluxus n’est pas loin : on aime l’instruction courte, le protocole, le jeu. Les expositions se multiplient, souvent sans jury ni hiérarchie. On en répertorie plus de mille trois cents sur la période 1970–1985 : thèmes, lieux, organisateurs, documentation… tout est listé par John Held Jr., archiviste, artiste et historien du réseau. Held tient la mémoire vivante de ce mouvement artistique qui se moque des salons officiels.
Leonhard Frank Duch : mail art adressé à John Held Jr. (Smithsonian Institution).C’est dans ces années que la grammaire du mail art se fixe :
- Supports modestes : carte, enveloppe décorée, feuillet, autocollant.
- Techniques libres : collage, dessin, peinture, tampon, machine à écrire.
- Matériaux pauvres et malins : chutes de papier, photos découpées, timbres.
- Distribution horizontale : on envoie à des correspondants, on participe, on échange.
Les institutions regardent parfois ce mouvement de loin ; peu importe. Le public existe déjà : il est à l’autre au bout de l’adresse.
A tout cela, Robert Filliou donne une colonne vertébrale, en parlant d' « Eternal Network. L’idée ? L’art n’est pas un objet sacré ; il est un réseau permanent d’échanges qui fait passer la vie avant l’art – et donc l’irrigue. On peut y voir la philosophie secrète du mail art : un art qui ne s’épuise pas dans la pièce unique, mais se continue dans le lien, la réponse, la circulation.
Les visages du réseau : des pionniers et des passeurs
Le mail art a des noms connus qui font aujourd'hui figures de références :
- Ray Johnson (américain) : déclencheur, inventeur de procédures, héros malgré lui.
- John Held Jr. (américain) : historien-ambassadeur, commissaire, bibliographe, extrayant du chaos une généalogie et des preuves : livres, catalogues, dossiers.
- Vittore Baroni (Italie) : cartographe infatigable, éditeur de la revue Arte Postale!, organisateur de projets collectifs, véritable « directeur de campagne » d’un réseau sans centre.
- Julien Blaine (France) : poète-action, où la carte devient cri, le timbre manifeste, la peinture slogan ; la poésie visuelle trouve dans l’enveloppe un espace scénique.
- Renaud Siegmann (France) : critique et historien de l’art, il a analysé le mail art comme un prolongement des avant-gardes du XXᵉ siècle, soulignant sa fidélité à l’esprit Dada et Fluxus et sa capacité à contourner le marché pour privilégier le lien direct.
- Anna Banana (Canada), Guy Bleus (Belgique), Ryosuke Cohen (Japon) avec son projet Brain Cell, Pawel Petasz (Pologne) et la revue Commonpress, Chuck Welch alias « The CrackerJack Kid » (USA) : des passeurs qui lancent des appels, montent des archives, fabriquent des anthologies et connectent des centaines de pratiques locales en une épopée mondiale.
Brain Cell, Ryosuke Cohen.
Mail Art Envelope, CrackerJack Kid
Ce n’est pas une « élite » ; c’est une constellation. La célébrité n’a jamais été la monnaie du mail art ; la fiabilité et la générosité, si.
Aujourd'hui : le réseau s’assume, la carte s’agrandit
Le XXIᵉ siècle n’a pas fait disparaître le mail art ; il l’a cartographié. Une exposition new-yorkaise l’a dit sans détours : Mapping Correspondence: Mail Art in the 21st Century (2008). Principe : inviter des artistes contemporains… qui invitent d’autres artistes… qui répondent par la poste. Deux cents participants plus tard, on obtient un panorama global, augmenté d’une frise chronologique qui remonte au tout début du XXᵉ siècle. Internet sert ici moins à remplacer la poste qu’à orchestrer les invitations et publier les traces.
Universités, musées, instituts de recherche – de l’Université du Michigan à des bibliothèques européennes – proposent désormais des parcours historiques : on y lit la filiation Johnson-Fluxus-réseau mondial, on y voit l’ancrage dans Dada, on y comprend la volonté de liberté et d’échapper au monde académique que sont la galerie et le musée traditionnels.
Un exemple de mail art contemporain : enveloppe réalisée avec un fragment d’acrylique sur toile de Michel Granger. Les timbres-poste (et la vignette, dans le coin supérieur gauche de l’enveloppe) sont de Michel Granger. Source : Pierre Jullien, Phulatélie au quotidien.Comment créer un mail art ?
A cette question, nous répondons par une bonne nouvelle : le mail art ne nécessite ni diplôme d’art, ni atelier géant, ni budget faramineux. Seulement un peu d’audace, du temps, une table, de quoi écrire ou coller, et l’adresse d’un ami quelque part dans le monde.
1. Comprendre la logique avant de sortir les ciseaux
Créer un mail art, ce n’est pas juste « décorer une enveloppe » ou « faire un collage ». C’est penser l’envoi comme une œuvre. L’adresse, le timbre, le trajet, les marques de la poste – tout compte.
Règle numéro un : le destinataire fait partie de la création. Envoyer, c’est déjà exposer. Réceptionner, c’est prolonger l’œuvre.
2. Le kit de départ : moins, c’est mieux
Pas besoin d’acheter tout le rayon beaux-arts. Le mail art est né avec des moyens modestes. Le minimum vital :
- Papier : cartes postales vierges, enveloppes blanches ou kraft, chutes de papier à dessin.
- Instruments : feutres, stylo noir, pinceau, crayon gras.
- Adhésif : colle en bâton ou ruban adhésif double face.
- Ciseaux : classiques ou cranteurs pour des bords originaux.
- Timbres : actuels ou anciens encore valables (bonus : les timbres en francs, toujours utilisables en France).
- En option : Tampons encreurs, vieux journaux, magazines, photocopies, photos. Machines à écrire pour un look rétro. Timbres de collection abîmés (mais esthétiques) pour le collage.
3. Trouver l’idée : trois méthodes
Un bon mail art doit intriguer à l’ouverture de la boîte aux lettres. Voici trois exemples d'approches pour débloquer votre créativité :
- Le thème. Partez dans une direction donnée, à partir titre ou d’une image forte : « Voyage », « Silence », « Cheval », « Monstres urbains »… L’idée doit être assez simple pour tenir sur un petit format, mais assez forte pour piquer la curiosité.
- La contrainte. Travaillez avec un seul matériau : que des timbres, que des découpes noires, que du texte manuscrit. Moins de choix = plus de personnalité.
- La réponse. Réagissez à ce que vous avez reçu : reprenez un élément d'un envoi de mail art que vous avez reçu (motif, couleur, fragment de texte), transformez-le et renvoyez-le.
4. La structure d’un mail art efficace
Quand on parle « structure », on ne parle pas de charpente, mais de composition visuelle. La poste ne va pas manipuler ton envoi avec des gants blancs. Résultat : il faut penser à la fois impact visuel et lisibilité. Zone adresse : toujours claire, en lettres majuscules, contraste élevé. Zone artistique : tout autour, sur l’enveloppe, au verso, à l’intérieur. Éléments postaux : timbres, cachets, codes-barres… à intégrer dans la composition.
Comment construire un style identifiable ? En marketing, on parle de branding. En mail art, c’est la même chose : on doit reconnaître votre envoi avant même de lire votre nom. Pistes : Toujours la même gamme de couleurs. Un motif récurrent (tampon, signature graphique). Une mise en page répétée (adresse dans un cadre rond, timbres en colonne…).
Un exemple de mail art contemporain : enveloppe illustrée par Pierrette Lambert, avec un timbre de Pierrette Lambert, ayant circulé par La Poste (2001). Source : Pierre Jullien, Philatélie au quotidien;5. Fabriquer sa première pièce : pas à pas
Voici un tuto mail art pour débuter sans blocage :
- Choisir son support : par exemple, une enveloppe blanche classique.
- Décider d’un thème : « Nuit et lumière ».
- Sélectionner deux couleurs : noir + jaune.
- Créer le visuel : coller une découpe de journal représentant une ville de nuit, tracer au feutre noir des formes géométriques autour, ajouter des points jaunes à la peinture pour les lumières.
- Intégrer l’adresse dans un rectangle blanc centré.
- Ajouter un timbre qui dialogue avec le thème (par ex. un timbre sur l’astronomie ou une lampe).
- Signer discrètement au dos, avec la date.
- Envoyer à un destinataire qui enverra quelque chose en retour.
Les erreurs à éviter : Surcharger au point que l’adresse devienne illisible. Utiliser des matériaux trop fragiles (risque de destruction au tri). Envoyer sans vérifier le bon affranchissement (ça peut finir au rebut).
6. Trouver des correspondants
Tu peux envoyer du mail art à un ami ou à n’importe qui… mais c’est plus gratifiant d’intégrer un groupe ou un circuit dédié.
Ressources incontournables :
- IUOMA (International Union of Mail Artists) : réseau de mail art mondial avec profils, appels à participation, adresses.
- Réseaux sociaux : hashtags #mailart, #artpostal sur Instagram, Youtube, Pinterest.
- participer à un concours ou à un appel à communication (call). C’est l’équivalent des « campagnes » en publicité : vous avez un thème, un délai, un format, et parfois un accrochage final. Pourquoi c’est important ? Parce que chaque participation documentée (catalogue, site, photo d’exposition) te construit une visibilité durable dans le réseau. Quelques organismes organisant fréquemment des concours : bibliothèque, musée, centre culturel;
7. Documentez ses envois
Vous n'envoyez pas juste un objet, vous créez une trace. Photographier chaque mail art (recto/verso) vous permet : de garder un portfolio (site, Instagram, PDF). de montrer votre évolution., d’alimenter votre réseau.
Astuce : photographiez toujours à la lumière du jour, sur fond neutre.
Vous possédez une collection de timbres que vous souhaitez faire estimer ? Parlons-en !
S’adresser à un véritable expert, c’est bénéficier d’une estimation fiable, expliquée et documentée, pour connaître la valeur réelle de vos timbres et décider en connaissance de cause.
Depuis plus de 50 ans, la Maison Calves s’impose comme la référence française en expertise philatélique. Membre de la Chambre syndicale française des Négociants et Experts en Philatélie, nous proposons des évaluations gratuites en ligne sous 48 heures et guidons collectionneurs comme héritiers afin de vendre leurs timbres au meilleur prix.